Quatrième enfant et premier fils de Yoroku et Yuki Ueshiba, Morihei vit le jour dans la ville côtière de Tanabe. D'une santé plutôt fragile, Morihei était nerveux et tombait souvent malade.

Après une enfance passée dans l'école d'un temple (Terakoya) et une éducation primaire dans une école de Tanabe, il entra au collège où ses capacités en arithmétique lui permirent de devenir assistant du professeur.

 

A dix-sept ans, Morihei mit fin à ses études pour travailler dans un commerce familial, à Tokyo. C'est à cette époque qu'il commença à s'intéresser aux Arts Martiaux par l'étude du Ju Jutsu et du Ken Jutsu. Mais une grave maladie l'obligea à retourner à Tanabe.

 

Une fois remis, il épousa Hatsu Itokawa qu'il connaissait depuis son enfance. A vingt ans (en 1903), il s'engagea comme simple soldat au 61ème régiment d'infanterie de Wakayama où ses talents de combattant furent tout de suite remarqués. Affecté au 37ème régiment de la quatrième division d'Osaka, il profitait de son temps libre pour pratiquer le sabre de l'école Yagyu Shingan-Ryu.

 

Envoyé en Mandchourie, il revint en 1906 et quitta l'armée malgré la demande de ses supérieurs. Les six années suivantes furent pour Morihei l'occasion de continuer son entraînement des Arts Martiaux.

 

En 1912, Morihei partit avec un groupe de cinquante-quatre familles de Tanabe jusqu'au comté de Monbetsu, Kokkaido où ils fondèrent le village de Shirataki. A l'origine de cette émigration, une idée gouvernementale pour repeupler l'Hokkaido et qui cherchait des volontaires susceptibles de s'installer dans cette île au climat rigoureux. Après une longue lutte contre les orages et la neige qui ravageaient les cultures, les colons parvinrent au bout de deux longues années à recueillir leurs premières récoltes. Son épouse et leur fille en bas âge les rejoignirent à ce moment.

 

En 1915, grâce à un journaliste local, il rencontra Sogaku Takeda, maître de Daïto Ju-Jutsu. Durant un mois, Morihei parcourut régulièrement la journée de cheval qui le séparait d'Engaru pour suivre l'enseignement de Takeda Senseï. Morihei parvint ensuite à convaincre son professeur de venir s'installer à Shirataki.

 

En novembre 1919, Morihei reçut un télégramme l'informant de l'état de santé critique de son père. Laissant ses terres et la plupart de ses biens en cadeau à Takeda Sensei, il se mit en route sans plus attendre. Il fit tout de même un détour par Ayabe (près de Kyoto) en entendant parler d'un certain Onisaburo Degushi, maître de la secte Omoto, inspirée de la religion shinto. Leur rencontre marqua profondément Morihei qui espérait obtenir la guérison de son père grâce à ses prières.

Arrivé à Tanabe, Morihei apprit le décès de son père et passa les mois suivants à méditer et à prier. Puis il partit avec Hatsu, qui venait d'accoucher, et leurs deux filles pour Ayabe dans le but de trouver, auprès du révérend Degushi, la paix intérieure grâce à une vie religieuse.

 

Les sept années qui suivirent permirent à Morihei de faire évoluer sa conception spirituelle de la vie. Cette conception de l'unité du corps, de l'âme et de l'esprit fut à l'origine de la création de l'Aïkido, au moins autant que l'étude du Daito-Ryu. Encouragé par le révérend, Morihei fonda un Dojo (le "Ueshiba Juku") où il put faire profiter les membres de la secte de son enseignement. Il passa le reste de son temps entre la culture de la terre et la prière. Ainsi naquit l'Aïki Bujutsu.

 

Début 1924, il accompagna le révérend Degushi en Mandchourie afin d'y installer un centre spirituel, mais le petit groupe fut arrêté et condamné à mort. Grâce au gouvernement Japonais, ils furent sauvés et purent reprendre la vie tranquille qu'ils menaient à Ayabe.

 

A cette époque, certains officiers de la marine impériale, membres de la secte Omoto et fréquentant le Dojo Ueshiba, parlèrent de maître Ueshiba à leurs connaissances. C'est ainsi que l'amiral Isamu Takeshita découvrit l'Aïkido et fit tout par la suite pour le promouvoir. De 1927 à 1931, le nombre d'élèves augmenta tellement qu'un soutient financier permit d'établir un Dojo permanent en avril 1931 à Tokyo. Le "Kobukan" accueillit ainsi les pionniers de l'Aïkido, tels que Gozo Shioda et bien d'autres...

 

En 1932, l'organisation Budo Senyokai fut créée à l'initiative du révérend Degushi afin de promouvoir l'Aïkido au niveau national, ce qui provoqua un surcroît de travail pour le fondateur qui fit de nombreuses démonstrations dans tout le pays.

 

En décembre 1935, un incident entraîna la dissolution de la secte Omoto. Ueshiba Senseï, qui enseignait dans diverses organisations officielles, comme l'Ecole Navale, l'Université Militaire et les écoles militaires de Toyama et Nakano, ne fut pas inquiété.

 

En 1937, la guerre contre la Chine força de nombreux uchi-dechi à rejoindre les drapeaux. Puis, en 1942, la guerre du Pacifique vida un peu plus les Dojo...

Avec sa femme Hatsu, il décida de quitter la capitale et se retira à Iwama où il construisit un Dojo, véritable sanctuaire de l'Aïkido où il passa la majeure partie des douze années suivantes. Durant cette période, il continua à travailler et à perfectionner sa technique, créant ainsi le concept de "Takemusu Aïki" mettant en avant l'exécution spontanée de techniques sans forme imposée.

 

Au début des années cinquante, grâce à la volonté et à l'effort des pratiquants les plus anciens comme Gozo Shioda, Koïchi Tohei et bien sûr le fils du Fondateur, Kisshomaru, et de plus récents comme Morihiro Saito et bien d'autres..., l'Aïkido renaissait. L'enseignement d'O-Senseï traversa même les mers et commença à se répandre partout comme une réponse à un monde qui recherchait de plus en plus l'aisance et le confort matériel. Il ne faut pas non plus oublier toutes les personnes, anonymes ou non, qui à un moment ou à un autre ont aidé l'Aïkido à devenir ce qu'il est aujourd'hui.

 

E1969, maître Ueshiba tombe malade. Il meurt le 26 avril 1969 à l'âge de 86 ans emporté par un cancer foudroyant. Deux mois plus tard, Hatsu, sa femme, meurt à son tour.
Moriteru Ueshiba, petit fils du fondateur, et actuel Doshu (Maître de la voie) continue, avec l'aide des grands maîtres à travers le monde, à développer l'aïkido, et à diffuser l'esprit de maître Ueshiba. 

 

Le mot "aïkido" signifie:

ai: L'harmonisation

ki: Esprit, énergie

do: La voie

 

Aïkido peut donc se traduire par « la voie de l'harmonie des énergies ».